17.11.11

Blanc.

Je manque de lumière. J'étouffe un peu dans cet appartement encombré : les 12000 livres accumulés, cadres, petits objets glanés au bazar, vinyles qu'on écoute si rarement, tout ça ramasse tant de poussière. J'ai envie de blanc.

J'ai aussi envie d'une immense fenêtre, d'une bibliothèque mur-à-mur, de rangements efficaces, de plantes en santé, d'un grand comptoir de cuisine, de planchers bien vernis, d'une véranda.

24.10.11

Beats, slackers et hipsters: pour rendre au sens de l'organisation ce qui lui revient



Achievement is for the senators and scholars. 
At one time I had ambitions, 
but I had them removed
by a doctor in Buffalo.
Tom Waits

I

D'abord, une banalité: la routine et l'organisation ont bien mauvaise réputation dans les cercles créatifs. En fait, je me trompe peut-être, mais j'ai l'impression que c'est plutôt le romantisme d'une vie créative pêle-mêle, à la va-comme-je-te-pousse, instinctive ou organique qui est glorifiée dans le discours de certains de mes contemporains. D'emblée, il est de bon ton de se trouver don' tout-croche, d'ironiser sur sa propre tendance à être dernière minute, et en parallèle, de considérer toute notion d'organisation comme étant au mieux une contrainte à dépasser, au pire une castration.

À bien des égards, je m'inclus dans cette façon de penser --un aperçu du bordel sur mon bureau ou du nombre de fenêtres ouvertes sur mon "autre" bureau suffisent pour me convaincre que je ne suis pas le gars qui classe ses bobettes selon leur couleur. Il reste que j'ai remarqué, au fil du temps, après deux publications et un mémoire de maîtrise (donc quelques 500 pages de texte imprimé), que mes plus grands accomplissements dans la vie, jusqu'à maintenant, ont dépendu d'une certaine routine, d'un certain sens de l'organisation. Et, j'ai pour mon dire qu'avec la quantité toujours multipliée de sources de divertissement qui se déploient devant nous, si l'avenir n'appartient pas nécessairement à ceux qui se lèvent tôt, il est sûrement plus ouvert à ceux qui sauront mieux se négocier dans la culture toute-puissante du multitâches.

Pourtant, j'entretiens moi-même un rapport conflictuel avec ma gestion de tâches: je sépare en blocs les différents chantiers en cours, je saute de l'un à l'autre parfois de façon erratique, il me faut tout mon petit change pour rester concentré sur une seule tâche pendant plus d'une heure.* Je revois aux six mois mon système de gestion de courriels, ma façon de faire des listes, mon agenda, parce qu'en quelque part, j'ai diminué la cadence et j'ai perdu mes habitudes. Pour quelqu'un qui, comme moi et bon nombre de mes amis, travaille à partir de la maison, l'idée d'un horaire, d'une organisation, d'une discipline, si rebutante soit-elle pour l'âme créative, est nécessaire. Mais elle constitue aussi une pilule plutôt difficile à avaler.

En gros, j'y vois un certain paradoxe qui règne un peu partout, sur facebook, sur les blogs, etc. C'est-à-dire que derrière le cliché des commentaires autodérisoires sur le fait de manquer de rigueur, derrière la profusion de situations Bridget-Jonesesques où le manque d'organisation de l'individu est mis de l'avant comme un trait bénin, cute à la limite, derrière le cliché éculé du refus de posséder un agenda se cache une perception de l'organisation qui m'apparaît comme étant absolument contre-créative.

II

Henry David Thoreau écrivait: "Write while the heat is in you. When the farmer burns a hole in his yoke, he carries the hot iron quickly from the fire to the wood, for every moment is less effectual to penetrate (pierce) it." Plusieurs années plus tard, un exemple de cette conception de l’écriture se lit au premier chapitre de On the Road: "I said, 'Hold on just a minute, I’ll be right with you soon as I finish this chapter', and it was one of the best chapters in the book." Pour le narrateur, ce chapitre terminé hâtivement constitue un des meilleurs chapitres du livre qu’il écrit. Or, bien qu’il s’agisse d’une légende, Kerouac prétendait ne jamais réviser ses textes. En concordance avec les expérimentations de la génération beat, notamment avec la drogue, il fondait son travail d’écriture sur la découverte d’expériences et sur l’improvisation. Cette volonté de (se) découvrir par l'entremise d'une expérimentation débridée trouve son origine dans une opposition aux politiques du président Truman et de la white normality de l'Amérique de l'après-guerre. On aura beau insister sur l'exagération de ce mythe romantique de la création littéraire des beats comme étant totalement spontanée (les manuscrits de Kerouac étaient bourrés de ratures, de réécritures et de rapiéçages), force est d'admettre qu'il a fait des petits.

Dans le début des années 1990, l'esthétique grunge, avec tout ce qu'on a pu dire de la génération X, réitère la volonté des beats par la négative, avec un refus de l'encadrement qu'on juge sans doute trop "corporatif", conservateur. Émergeant de l'Amérique de Reagan, de Bush père et de Clinton (ce dernier n'étant qu'une incarnation du Dad boomer typique), la jeunesse américaine (la nôtre par extension?) se dote d'un porte-parole: le slacker.



À mes pires moments, je me sens comme la caméra de Slacker, de Richard Linklater, sautant d'un discours à l'autre sans accomplir autre chose qu'une longue promenade digressive. Encore là, le paradoxe veut qu'un film d'apparence aussi lousse et digressive (qui représente en quelque sorte l'errance d'une génération) nécessite un sens extrême de l'organisation, de son écriture jusqu'à l'orchestration de ses scènes. Le personnage d'Étienne, dans Épique, incarne ce slacker, sans trop d'ambition, désireux au final de "continuer de faire des bonds".

III

Cette idée de la mauvaise réputation de la routine m'amène à vouloir réfléchir à notre rapport à la création dans le quotidien. Ce qui mène souvent, dans mon cas, au sujet du hipster (par ici et , et bientôt par l'entremise de mon ami Clarence qui prépare actuellement une conférence sur la possibilité d'un hipsterisme littéraire). Puis j'en viens à l'existence d'un hipster-guru comme Merlin Mann, créateur des 43 Folders, dont l'objectif est d'aider les gens, par le biais d'un site web au graphisme plaisant et très proche de l'esthétique Apple (objet de fétichisme hipster s'il en est), à trouver le temps et l'attention pour accomplir notre meilleur travail créatif. Le mot-clé, ici, est moins "temps" qu'"attention".

Voilà peut-être ce qui nous distingue le plus des Thoreau et Kerouac du passé: au-delà du concept même d'un site (et de possibles conférences --Merlin Mann a déjà parlé aux employés de Google, d'Apple, etc.) qui te dit comment organiser ta vie et tes tâches pour maximiser ton énergie créatrice, 43 Folders te montre à coups de narrations humoristiques et pop-culture à souhait comment diviser ton attention de façon productive à l'ère du multitâches. Et les méthodes sont, pour la plupart, extrêmement simplistes, au point où je me suis demandé, en découvrant le site, si ce n'était pas une blague --j'ai connu l'auteur par l'entremise de You Look Nice Today, un podcast très drôle où trois dudes, dont Mann, qui se sont rencontrés sur Twitter, font accumuler l'extrapolation et la digression absurdes ou ironiques créant des moments franchement hilarant. Par exemple, le Hipster PDA, concept très populaire sur le site apparemment, se résume en l'idée de noter ses idées sur des petits cartons dans le but d'en disposer par la suite, après avoir exécuté les tâches reliées à l'idée.

Bref, ce gars-là, comme les concepteurs du logiciel Self-Control (j'imagine), gagne sa vie avec des trucs aussi niaiseux que "assures-toi d'avoir toujours quelque chose pour noter tes idées" ou "place des paquets de post-it un peu partout dans ton appart, au cas où ton idée de génie t'apparaisse alors que tu te rendais de la salle de bain à la cuisine et que ton déficit d'attention fasse en sorte que tu oublirais l'idée un coup rendu dans ton bureau, devant ton ordi et ses mille possibilités de distraction". C'est absurde, mais le fait que ce gars-là gagne visiblement bien sa vie confirme, en quelque sorte, à quel point le phénomène est réel. 



*À preuve, durant l'écriture de cet article, j'ai vidé les poubelles de l'appart, parti une brassée, visité Facebook une dizaine de fois, visionné quatre vidéos sur YouTube liées plus ou moins directement au film Slacker de Richard Linklater, lu les portions du deuxième chapitre de mon mémoire de maîtrise portant sur l'écriture de Kerouac, fait dégeler de la soupe, nourri le chat, répondu deux fois au téléphone. Je me suis aussi levé à plusieurs reprises pour faire un tour à la fenêtre de mon bureau, juste par nécessité de faire autre chose.

17.10.11

Autopromotion : 24 Images, no 154, oct.-nov. 2011, p. 42-43.



Je signe, dans le dernier numéro de 24 Images, un article sur le travail de la réalisatrice tchèque Helena Třeštíková. Le travail de la documentariste s'inscrit tout entier dans la durée, interrogeant le passage du temps et son effet sur les individus. Le projet documentaire tient avant tout lieu d'inventaire social : devant l'accumulation d'images du quotidien, de clichés non importants, de gestes répétés inlassablement, la mosaïque narrative trouve tout son sens. Dans un cycle débuté à partir de la fin des années 1980, Helena Třeštíková s’intéressera entre autres aux exclus de la société : délinquants, drogués, tous ces gens invisibles et incompris dont elle met en lumière le réel troublant. Ces portraits les plus achevés de la documentariste (Katka, 2010; René, 2008; Marcela, 2007) constituent un travail colossal qui m'a réellement marqué, particulièrement dans sa façon de questionner la relation filmant-filmé.

16.10.11

Verbomoteur-trash-geek-anarchiste-penseur-auteur-truc-chose



Juste pour dire que les amis de Salon double viennent de mettre en ligne un article que j'ai écrit sur le premier roman William T. Vollmann. Ça s'appelle "Un tall tale postindustriel" et je trouve que c'est un assez bon titre.

7.10.11

La télégénie, l'extroversion et leur inéquation


 Un gars se dit qu'une émission comme Opération séduction, sur V, pourrait facilement faire l'objet d'études anthropologiques sérieuses aujourd'hui ou dans quelques décennies. Ç'a déjà été fait, traiter d'un élément de la culture pop à travers la lorgnette de la culture savante. Les dangers du voyeurisme ou de la complaisance ont tous été explorés aussi dans ce type de pratique. Il reste qu'en écoutant, en fin de soirée, des épisodes d'OS avec sa blonde, après avoir passé une partie de la journée à démêler les théories de figures marquantes des cultural studies (marxistes, postmodernistes et autres, de Walter Benjamin à Fredric Jameson en passant par Raymond Williams -- name-dropping, y'all), un gars constate des affaires. Surtout, il constate qu'il se considère, en quelque sorte, malgré lui, à juste titre ou non, comme un expert du médium. Pour le dire simplement, il voit les ficelles. Et j'irai jusqu'à dire que ça le rassure dans sa position de "consommateur-penseur" du médium.

Par son format "agence de rencontre" hyperpublique, où les candidats ne doivent pas user de stratégies comme dans les autres téléréalités, où au contraire leur sincérité est cruciale, une émission comme OS (et Célibataires recherchés, sa contrepartie du Canal Vie) expose au grand jour certains problèmes liés aux adjectifs utilisés pour parler de soi. En l'occurrence, l'extroversion d'une personne est parfois niée par ce qui semble être le choc de l'expérience télévisuelle. Ou plutôt, on constate que si, pour plusieurs, quelqu'un qui se décrit comme étant extroverti devrait donner un bon show, la réalité de l'expérience télévisuelle démontre qu'un bon show (la télégénie, donc) a peu à voir avec l'extroversion, et que cette dernière n'est pas garante de télégénie.

Tout ça pour dire que quand Martine, la dernière candidate d'OS, se décrit comme étant une fille extrovertie (donc communicative, confiante, expressive) un gars ne doute pas de sa sincérité à priori. Quand il entend son frère la définir comme une étincelle dans un 5 à 7, un gars le croit. Mais après ses trois premières rencontres avec d'autres célibataires désireux de se matcher devant des milliers d'auditeurs, un gars ressent quelque chose comme de la pitié envers cette pauvre fille qui se dit extrovertie mais qui, immanquablement, laisse planer de longs silences et refuse systématiquement de parler d'elle-même aux prétendants. Puis un gars se dit que ça n'a rien à voir avec l'extroversion (fictive ou non) de la candidate, mais que c'est plutôt lié au fait que l'extroversion à la télévision est une toute autre affaire.

Martine est peut-être le feu d'artifice du 5 à 7, c'est l'oeil outrepuissant de la caméra qui la tétanise. Un gars se dit ça, en tout cas.

6.10.11

La machine se rode


Un des plaisirs insoupçonnés de la vie d'auteur, c'est que tu projettes l'image d'être en perpétuelle écriture, d'être constamment habité par ta démarche. En quelque sorte, c'est vrai. C'est-à-dire que n'importe quel projet qui mûrit en moi en ce moment s'écrit au fur et à mesure que je vis. Je passe une fin de semaine à New York avec mes poules, je lis des essais sur les cultural studies et la postmodernité ou encore je fais une pause dans mon lavage de plancher pour écouter un passage de Radiolab; mon projet fermente. Il se nourrit de mes expériences -- ou plutôt j'effectue un tri perpétuel dans la matière que je consomme et une partie de ce qui est trié se ramasse dans le projet. C'est pas nouveau, je ne suis pas le premier à dire ça.

Avec cette idée de projeter l'image d'être toujours en train d'écrire le prochain ouvrage, le plaisir vient dans les discussions qui en ressortent. Avant Townships, c'était le néant. Mais entre Townships et Épique, je ressentais une petite urgence de pondre quelque chose d'autre, comme pour affirmer ma présence. C'est trompeur, avec le recul, d'en parler en ces termes-là. Je pense que si je me replonge dans le foisonnement du premier jet d'Épique, l'énergie et l'excitation que je ressentais en écrivant trouvaient plutôt leur source dans l'idée que désormais, on me lirait (presque) assurément. L'écriture n'était plus une bouteille à la mer ou, pour reprendre une image centrale de mon roman, un galet lancé vers l'eau dans l'espoir que ses bonds se répètent le plus longtemps possible. J'avais hâte d'être lu à nouveau. Je peux facilement imaginer des auteurs émergents (notamment ces fameuses "surprises") vivre le même buzz.

Dans les quelques événements littéraires où j'ai été amené à côtoyer de façon plus ou moins formelle d'autres auteurs dans des situations similaires (je pense à ce shooting photo fort agréable où on était une vingtaine d'auteurs "de la relève", au Gala de la vie littéraire au tournant du 21e siècle, ou encore à une table ronde - un peu pénible - aux Correspondances d'Eastman) et même quand il n'y avait pas d'autres auteurs, la question qui finissait toujours par sortir, c'était "Sur quoi tu travailles ces temps-ci?". C'est une question qui me fascine parce qu'elle est chargée d'une sympathie hors du commun. Bien sûr, on peut la poser de façon nonchalante, pour meubler le silence. Mais, simplement par la possibilité que la réponse, elle, ne soit pas nonchalante, la question reste une belle ouverture.

Aujourd'hui, des circonstances moins littéraires (Jeanne, le début de mes études doctorales, etc.) me rendent beaucoup moins pressé d'écrire. En gros, j'ai trois projets que j'aimerais bien compléter d'ici cinq ou six ans, mais je ne ressens pas tout à fait le même buzz d'Épique. Ce n'est pas moins excitant d'écrire, c'est juste plus stable, moins déchirant.

J'atteins un stade similaire quand je recommence à jogger après une certaine période de relâchement. Les premières fois, soit le corps déborde d'énergie ou il est lourd et ne décolle pas du sol, mais je me sens toujours énervé en courant. Puis, quand je réussis enfin à insérer la course dans une certaine routine hebdomadaire, après disons cinq ou six sorties, elle devient paisible. La machine se rode. Curieusement, j'ai l'impression que c'est là que le jogging est vraiment bénéfique; du moins, c'est là que je le sens comme étant le plus amusant, le mieux maîtrisé.

Ces temps-ci, donc, j'écris peu de fiction. Par moments, ça m'inquiète, mais par d'autres, je suis bien à l'aise avec ça. Aux Correspondances, une auteure m'a demandé si je planchais sur quelque chose ces temps-ci. Quand je lui ai répondu que c'était plutôt lent, mes affaires, elle a affiché un air inquiet: Oh non! Faut pas niaiser, là. Faut battre le fer quand il est chaud. Cultiver le momentum. C'était plus un compliment que d'autre chose - genre "ils sont plusieurs à avoir hâte de te lire à nouveau" - mais ça venait tout de même confirmer encore plus ma position.

Bah! que je lui ai répondu. Y a pas le feu.

20.9.11

2002.


J'ai tardé à participer à la tag boule à mites parce que j'avais plus ou moins envie de m'humilier avec de la poésie douteuse publiée dans Chimère en 2004 (pour les curieux, faites vos recherches). J'ai quand même fouillé dans mes archives pour retrouver une pile de textes soumis en atelier de création au Cégep, en 2002. J'y note principalement deux choses :
- De un : beaucoup, beaucoup de bullshit. C'est assez difficile à expliquer, en fait, c'est même peut-être subtil pour quelqu'un de l'extérieur, mais tout est dans l'utilisation de noms propres, que je prenais la peine de mettre en italique (le café l'Infusion! le cinéma Langellier! ) Il faut m'imaginer ti-cul de 17 ans jamais sortie de Sherbrooke ou presque, qui situe TOUS ses textes, sans exception, à Montréal.
- De deux : du gros drame, du trouble et de l'agonie douloureuse et lente. Coudonc, j'étais donc ben hardcore en 2002! Dans le lot, il y a des textes potentiellement corrects, mais qui sont dotés d'une fin tellement trash : ça me semble évident que la petite nerdy que j'étais, celle qui vendait des brocheuses au Buro-Dépôt la fin de semaine, a dû chercher "kalachnikov" dans son Larousse. J'avais d'ailleurs nommé, bien humblement, L'ENFANT DE NOS HAINES, un des trois travaux à remettre à la fin de l'atelier.

Il y a des textes délicieux que j'aurais aimé mettre ici, mais c'est juste trop long. Comme Marie, cette nouvelle qui se transforme en mauvais récit policier dans lequel "Marc Lessard lave sa Winchester .22 avec nervosité." Je vous propose plutôt un mauvais texte choisi par William, "Comment tout savoir sans vieillir?".

***

Il existe à ce jour vingt mille deux cent soixante-trois espèces de papillons connues. Paramaribo est la capitale du Suriname. Le réalisateur américain Richard Boleslawski (1889-1937) s'appelait en réalité Boleslw Ryszard Srzednicki. Un apopathodiaphulatophobe pourrait mourir à l'idée même de constiper. Dans la religion catholique, Tobit, Samson, Paul de Tarse et Jonas ont tous un point en commun : la cécité, C'est au britannique Steve McHugh que revient le record du plus grand nombre de beignets à la confiture ingurgité en une minute : six. Le mot « café» se prononce littéralement « cµpha» en vietnamien. La pyramide de Khufu mesure cent trente-sept mètres de haut. Traverser une rue en marchant sur les mains peut vous mener directement en prison dans l'état du Connecticut. L'élément chimique connu le plus rare est l'astate (At). Sans eau, un être humain moyen meurt en six jours.

Tout savoir. Elle doit tout savoir. Marie doit tout savoir. Tout.

Le nombre total de mariages d'Elizabeth Taylor - huit-, Marie l'a inscrit sur sa paume droite. Le nom du premier singe envoyé dans l'espace – Ham – traîne dans la poche arrière de son jeans. Les trente-trois lettres de l'alphabet russe sont minutieusement inscrites sur le mur de la salle de bain, juste au-dessus d'un carte géographique annotée des catastrophes naturelles les plus meurtrières des vingt dernières années. Charmant.

Une mémoire d'éléphant cette Marie (le plus gros mammifère terrestre, cent vingt kilos à la naissance). Ici, le concept-même de connaissances prime sur la qualité de l’information. Tout savoir. Elle doit tout savoir. Marie doit tout savoir. Tout.

Au point de vue historique, Marie a logiquement d'abord voulu se pencher sur toutes les notions passées, décrypter chaque époque pour tranquillement revenir vers le présent. Un jeu contre la montre, contre la mort. Pour les curieux, sachez qu'elle en est présentement à la fin du XIIe siècle et qu'elle espère aborder le XIIIe pour 2010.